Sourire aux barbares.

Dire bonjour et sourire, en échangeant quelques phrases au sujet du temps, c'était ici dans ma Picardie natale jadis le signe élémentaire d'appartenance à la communauté; les trente dernières années ont bouleversé le paysage, comme jamais auparavant. Les gens du cru, de plus en plus rares, se vivent comme une population en état de siège, entourée par des barbares au sens antique. Cette bourgade a "perdu" 60% de sa population d'origine; il demeure à peine 40% d'habitants qui se connaissent depuis plus de 30 ans. Ici le phénomène est sans équivalent, autrefois les flux de population existaient mais sûrement pas d'une telle amplitude, les voisins étaient toujours des voisins (ils venaient du village proche le plus souvent). La nature de la vie sociale, déjà insignifiante depuis l'omniprésence de la télévision dans les foyers, en est bouleversée, les liens sociaux sont chamboulés. Ceci s'est effectué au détriment de la mixité sociale existante et la paupérisation, tant financière qu'intellectuelle, du lieu est flagrante. Les postures sociales brouillonnes, les incivilités et insultes sont monnaie courante, les trafics de drogue font partie de l'ordinaire... Il faudrait inventer une nouvelle citoyenneté suffisamment attractive pour faire sortir les gens de chez eux et les inciter à se rencontrer, à échanger. Créer des évènements populaires sans être vulgaires. Ce type de problème existe ailleurs, la question est ouverte que faire pour créer une nouvelle communauté?