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24/02/2011

Otages et génocides (abus de langage).

Sur les ondes et dans l'étrange lucarne, l'on entend quotidiennement parler d'otages et de génocides; la banalisation des termes, le plus souvent utilisés de façon erronée conduit à une misère sémantique époustouflante autant quelle révèle le manque de vocabulaire des journalistes travaillant dans les médias dominants: ceux-là qui appartiennent aux requins de la finance, des affaires...
Rappelons ici qu'un génocide ce n'est pas la répression d'une révolte, ou d'une révolution mais la mise à mort systématique _ quelle soit ordonnée ou désordonnée_ d'une population ciblée, le plus souvent pour ses origines puisqu'il s'agit de l'étymologie même du nom. Génocide de la racine grecque genos naissance, genre, espèce et de cide suffixe qui vient du latin caedere tuer, massacrer. Voir à ce sujet l'article intéressant, et plutôt complet,  de Wikipédia:
Je pense qu'il ne faut pas confondre une répression même féroce avec un génocide, le mot étant utilisé pour marquer les esprits alors qu'il sert à désigner un type particulier de massacre, celui qui vise toute une population pour ses origines et que c'est pour désigner cela qu'il fut inventé en 1944.
De même le retour du mot otage utilisé à tort et à travers est inquiétant parce qu'il banalise ce que sont de vrais otages dont la vie, l'existence est directement menacée, dans un conflit militaire ou une action criminelle. D'ailleurs les mêmes moyens sont utilisés pendant une action criminelle que pendant un conflit guerrier; je pense que la guerre est simplement une ritualisation de la rapine à une échelle autrement inquiétante et meurtrière... S'il est certes justifié que nos gouvernements luttent contre le crime, et particulièrement ce que l'on appelle le crime organisé (mafia, camorra,...), la guerre et les actes guerriers causent bien plus de morts.
Ceux qui sont pris en otage dans nos sociétés ce sont bien plutôt les salariés compris dans leur entièreté sujets du patronat, du capital, d'impératifs financiers qui sont ceux de profiteurs.
Attention l'abus de profits entraîne un jour ou l'autre l'insurrection.
Recommandons aux journalistes et aux gens de ne plus parler d'otages lorsque telle ou telle catégorie de salariés se mettent en gréve, que leur mouvement paraisse justifié ou non. Méfions-nous des abus et excès langagiers: l'on commence ainsi et cela s'achève par des injures ou des invectives, ou encore la teneur du message est noyée comme une douleur diffuse et disparaît derrière d'autres, le mal cachant le mal. Recommandons-donc l'analyse plutôt que la précipitation qui amène à poser les mauvais mots sur les faits et à prendre ou faire prendre des vessies pour des lanternes. A défaut, les propos du journaliste ou du commentateur, ou du politique, ne sont plus inscrits dans le réel mais dans une affabulation dangereuse dont l'histoire récente a hélas encore fourni des exemples effrayants. Il faut se méfier de la rapidité et de la facilité.

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