Vite les vacances!

En criant vite les vacances! Et en expliquant à tout le monde que je suis enseignant, je me doute bien que je vais faire des jaloux. Aussi, je vais expliquer pourquoi j'ai des vacances dès demain; et comment ceux qui croient que j'en ai beaucoup se trompent aussi à cette fin il faudra rappeler le fait que je suis salarié, fonctionnaire et pas travailleur indépendant.Comme tous mes collègues j'ai souvent entendu même les copains et les amis me dire: _alors bientôt les vacances? ou encore _alors déjà les vacances? évidemment ça irrite, ça fait poil à gratter. Je vais vous expliquer pourquoi nous avons des vacances, beaucoup trop de vacances pensent certains. Au début des années 50 lorsqu'il a été question de revoir les modalités de travail de tous les salariés des calculs savants ont été faits et il fut calculé que grossièrement à une heure de cours correspondait une heure et demie de préparation ; l'ensemble correspondait à 45 heures par semaine. Les petites vacances furent considérées comme une forme de repos compensatoire de ce surcroît horaire, les autres salariés eux étant à 40 heures. Ce que les gens ignorent également c'est que notre rémunération est étalée sur 12 mois, payés 10 mois qui sont étalés sur 12 (à l'époque pour un recrutement à bac+3). Les conditions de vie ont beaucoup changé pour les autres salariés et mais elles n'ont pas tellement évolué pour les enseignants, par ailleurs en Europe nous sommes loin d'être les mieux payés, beaucoup moins bien payés qu'en Allemagne par exemple, moins bien payés qu'en Angleterre. Alors voilà, quand on sait que ce sont les pays pauvres qui payent le moins bien leurs enseignants: il faut croire que la France n'est plus tout à fait un pays riche; ça détonne avec le discours politique ambiant, on entend souvent louer notre bon travail. J'ai entendu un recteur commencer un discours face à un amphi rempli de néo-certifiés en disant « vous êtes l'élite de la nation » et là il faut se dire l'élite en a un peu ras-le-bol. Avez-vous déjà essayé d'enseigner quelque chose à 25 enfants? ou même simplement de les surveiller? que les râleurs qui nous vilipendent et qui bien souvent n'arrivent pas à s'occuper de leurs propres gamins au nombre de deux ou trois... Je me tais je sens que il y a risque d'échauffement, probabilité de mots d'oiseaux genre concurrence au capitaine Haddock. Alors quand vous nous croiserez baissez votre chapeau, saluez nous bien bas nous sommes des croyants, des vrais croyants, nous avons foi en notre mission et tâchons de l'accomplir du mieux possible, bien sûr on trouvera toujours l'exemple d'un collègue qui a craqué qui n'est plus en état d'enseigner, qui est épuisé et on entendra dire que c'est lamentable ; ce qui est vraiment lamentable c'est que l'administration laisse le malade se débrouiller tout seul! or, s'il est riche en relations humaines ce travail est néanmoins réellement fatigant, épuisant. Alors voilà ! demain: vive les vacances !

Big Foot.